Jour des répétitions : 1

Posted by on Sep 29, 2025 in Journal | No Comments

Comme l’année dernière, nous sommes à Montreuil, chez Laura Benson.
Il fait beau et frais.
Charlotte, Thomas et Benoît sont arrivés avant moi, ils montent des cartons en meuble et scotchent le sol. La nuit dans le train couchette me colle encore un peu dans les baskets. Je pousse la porte et j’ai l’impression de revenir à la maison. Le café qui coule, les sourires, la lumière douce du matin. Etrangeté familière. 

Alexandre arrive en premier, à l’heure. Ike rit dans la cour d’immeuble. Ana pousse la porte, essoufflée. Baya débarque avec ses baskets rouges. On démarre en petit comité cette semaine : à 4. 2 nouveaux, 2 anciens, un bon équilibre pour gérer notre nouveau monstre de 420 pages. 
Nous répétons les actes 4 et 5, les deux derniers. Ceux qui convoquent le plus de cris peut-être. Alors on va faire attention à se préserver les voix.
On hésite : on lit à la table pour démarrer ou on se le met dans les jambes, debout, dans les décors de cartons ? Les regards s’interrogent, timides. Allez, on se le met dans les jambes. Et nous voilà parti pour une journée complète. 

J’aime bien ces premières mises en bouche, les dialogues respirent à nouveau. Je sors du découpage, des contraintes, de la technique. Ça ouvre un nouveau moment dans la préparation : un moment d’errance où chacun accepte la fragilité. 
Bon, après, va quand même falloir réussir à réduire le texte, à le découper pour les axes, à le rythmer avec la musique, à le chorégraphier. A le mémoriser. 
Puis l’oublier.

#LesBurgersSanglants

Le téton.

Posted by on Sep 25, 2025 in Journal | No Comments

« Tu feras ce que tu veux avec mes membres, je te laisse voir pour les oreilles« . Amélie, cheffe SFX et maquillage.
Nous discutons coordination du HMC avec la déco cette aprem. Amélie, Alexia, Marjo, Charlotte, Malya et moi-même sommes dans nos petites fenêtres de visio et nous croisons nos informations. Nous préparons une comédie d’épouvante, nous avons donc plusieurs accessoires qui devraient faire peur ou faire penser à des choses qui font peur dans les films qui font peur. Nous avons notamment un grand banquet pour lequel plein d’idées ont fusé.

On doit décider si on met les doigts dans le hot dog ou dans le burger. Je ne sais plus pourquoi on en est arrivé à des hot dog doigts. Moi j’aimais bien les burgers doigts mais je ne sais plus, à un moment, avant, on s’est dit que hot dog doigt, ce serait mieux. Amélie propose de les faire en silicone. Moi, j’aimerais bien qu’ils soient en knacki. Charlotte aimerait que la knacki soit chaude. Ces phrases sont à prendre uniquement dans leur contexte : une réunion art de la table. Alexia rebondit « Malik a des cercueils aussi à un moment. Mais si on veut, il peut plutôt démouler un crâne. »
« Si c’est pour faire des choses qui ont l’air mangeable, je suis pas sûre de pouvoir le faire » précise Amélie. La déco le prend en charge alors. Amélie relance :
« On valide les yeux à manger ?
Tout le monde : « Oui ! »
Vous voulez le nerf optique avec les yeux ?
– Ah ouais, c’est cool le nerf optique qui pendouille.
 » Alexia.

Je jette un oeil aux multiples fils Whatsapp (j’en reparlerai plus tard) et mon écoute s’échappe un peu, je réponds à Cécile pour un choix couleurs de sequins. Soudain mon attention revient à la visio : Amélie parle d’un téton. Alors, ça, je ne m’y attendais pas. Un téton ? Sachant qu’on venait de parler quelques minutes plus tôt d’un harnais mi romain – mi SM sur un corps musclé, là, on est sur du téton ? Amélie rit : c’est comme ça qu’elle appelle la planche qui tiendra le bras mort de la table. Bon, finalement, on ne sait pas si on va s’accrocher sur le téton ou si ça tient au bout du bras. On verra.
Alexia propose de mouler un bras vite fait avec une frite de piscine. Marjo déconseille. On annule le bras moulé dans la frite. Mais Amélie a des cordons ombilicaux en stock. Elle en a 4 qui sèchent.
« Ah ouais trop bien, on pourrait le faire sortir du ventre d’une poupée ! » s’enflamme Alexia.
Amélie nous montre son boeuf, il avance bien (on en reparlera aussi).
La réunion se termine sur la création d’un nouveau fil WhatsApp, le HMCD : HMC et Déco se regroupent. Pour une fois, je ne suis pas dans ce groupe.
Mais j’espère que pour la prochaine décision téton, je serai conviée.

J’aime pas le canard.

Posted by on Sep 23, 2025 in Journal | No Comments

Mercredi, je parlais avec les costumes. Ah non, c’était mardi. On ne savait plus si on gardait le maquillage sur les joues d’Ophélie. On a choisi une paire de boucle d’oreilles finalement.
Alors mercredi, j’ai avancé sur les morceaux avec Josy Basar, oui, ça doit être ça.
Et jeudi, c’était full visio toute la journée avec Pascale pour traverser les 420 pages de scénario et valider nos emplacements des caméras. Mais je devais parler avec la déco aussi… Ah mais non, ça s’est recalé à lundi matin. Et Chacha attend la dernière version de l’acte 1, j’en suis à la 8.4 mais j’ai écrasé les versions en couleur alors on voit plus les différences avec la 7.3 que nous avons envoyée aux interprètes fin juillet. Merde, va falloir qu’elle refasse les modifs d’avant en gardant celles d’après. On s’est mal coordonné. 
Pascale a discuté glitch avec Esteban, elle a besoin de savoir : « Tu veux que ce soit le programme ou la caméra qui glitche ? Si c’est la caméra, il te faut anticiper tout le montage et savoir quelle caméra sera utilisée au moment de l’effet. Et y’a un petit délai… » Sauf que je peux pas savoir et qu’on aura peut-être des imprévus… Trop compliqué. Alors on part sur un glitch en Alpha. Ok, je demande à Bérénice. J’ai oublié de faire le mail à Bérénice pour le minifilm d’ailleurs. Hop, je le rajoute dans mes tâches Trello. Vendredi, j’ai discuté avec Benjamin, ça, je m’en souviens, il avait besoin de préciser une ou deux petites choses sur son personnage. J’ai mis à jour le planning des répétitions et Sébastien m’a envoyé la chorégraphie des envoûtés. On s’est eu au téléphone vendredi soir. Josy aussi d’ailleurs.
Et lundi…
Lundi…
Ah oui, réunion accessoire pour les répétitions. Les accessoires ne seront pas prêts pour les répétitions, c’est le moment où les planning se téléscopent : le direct est dans 6 semaines mais on démarre déjà les répétitions. On fera sans. Et à un moment de la semaine (mardi alors?), Amélie démoulait le boeuf, magnifique, avec ses cornes.
Et lundi, j’ai aussi, encore, découpé avec Pascale, il nous reste un bout de l’acte 5, ce sera jeudi.
Et aujourd’hui ? Et bah aujourd’hui, on est mardi. Mardi 23.
J’étais à Castelnaudary ce matin, pour les Rencontres régionales de la médiation avec la Région Occitanie (poke à Karim, Amélie, Marie et Géraldine), j’y ai raconté ce que je faisais. Et j’ai acheté une conserve de cassoulet au confit de porc (j’aime pas le canard).
En souvenir.

Mur Tagada

Posted by on Sep 19, 2025 in Journal | No Comments

Je me demandais quand cela allait commencer. Quand les soirées derrière l’ordinateur allaient commencer. L’année dernière, cela avait commencé fin juillet. Là, ça a commencé y’a deux soirs. Des relectures encore et encore des dialogues et du « prémontage », beaucoup. Ces jours-ci, je suis beaucoup dans la musique.
Être dans la musique, concrètement, c’est un fichier excel qui précise, ligne après ligne, les séquences où je veux soit une nappe, soit un morceau (avec ou sans parole) soit un effet (un jumpscare, au hasard). Je relis le scénario et ajoute dans la « Structure », notre document matrice de l’histoire, les passages de Josy Basar. Je donne des durées. Je croise les durées avec le temps (finement chronométré par Juliette) qu’il faut aux interprètes pour aller d’un décor à un autre. Il va par exemple falloir 1 minute 40 pour aller de la salle de bal au puits. C’est beaucoup. 

Notre décor est au moins trois fois plus grand que l’année dernière. Il y a une chose que je redoute : c’est que des interprètes se perdent dans ce dédale. Je me suis déjà trompée plusieurs fois de sens pendant les repérages techniques et je n’étais pas dans un état de stress. Alors le 31, qu’est-ce que ça va donner ? On essaie d’anticiper au mieux, forcément. On a prévu des fléchages « intradiégétiques » et des fléchages techniques, cachés. Mais je ne sais pas comment cela se passera.
Alors dans mes brief de durée de musique, j’écris « prévois que ça peut glisser, qu’il faille que tu tiennes la mélodie 30 secondes supplémentaires pour gérer un imprévu mais je sais pas si tu en auras besoin mais au cas où, c’est bien et on te dira dans l’oreillette quand c’est fini et tu feras un cut ou pas. On verra« .

On verra.

Mon bureau a un mur couleur « Tagada ».

Ça va trop vite.

Posted by on Sep 12, 2025 in Journal | No Comments

Le temps passe trop vite. Tu le sais, tu veux l’anticiper mais y’a rien à faire, il est déjà passé. Et il repassera pas par là, ni par Metz avant le 16 octobre.
Les repérages techniques sont terminés.

Je m’étais préparé une liste avec des cases à cocher et bah j’ai pas coché toutes les cases alors que je voulais repartir toutes les cases cochées. Même si j’ai relu la liste plusieurs fois dans ces deux jours et un soir, j’ai quand même oublié des trucs. Et je reviens avec plein d’autres cases à cocher. 

Hier encore, j’avais le sentiment d’avoir du temps (mais je me méfiais un peu). Nous avancions toustes ensemble décor par décor. Aujourd’hui, c’était chacun•e pour son poste. On est passé en mode « optimisation ».
Alors les électro sont partis je sais pas où, je croise la déco par hasard, Léo est monté sur les toits de Bliiida (je l’ai appris sur le chemin de la gare, dégoûtée, j’aurais adoré monter sur le toit), Malya traverse le parking dans un sens puis dans l’autre, Fabien est au téléphone. Et avec Chacha, Juliette, Julien et Pascale, on chronomètre les déplacements d’un décor à l’autre et on affine l’emplacement des caméras.

On débusque des « Chaudes Patates » ou « CP » : des moments où on se dit que l’interprète n’a pas le temps d’aller de la Salle de Bal aux sous sols, par exemple (on en a plein d’autres hein).
Alors on chronomètre, en marchant d’un pas soutenu mais qui ne court pas (c’est interdit sur un plateau), ça fait 1min30. C’est beaucoup. On le traverse en écoutant le morceau de Josy Basar prévu sur cette transition : le morceau est trop court, la comédienne n’a pas le temps de revenir. Fichtre de flûte.
– Est-ce qu’on a une PTZ qui peut faire le relai ?
– Non, on est sur le parking.
– Ok… Il nous faut 10sec de plus.

Je vais demander à Josy un peu plus de temps, ça, c’est encore possible.

Repérages techniques – Jour 1

Posted by on Sep 10, 2025 in Journal | No Comments

Mercredi 10 septembre. Il est 1h17, je m’allonge. Cela fait du bien. J’entends les rires de l’équipe en bas, ils boivent un dernier verre. Une petite mirabelle peut-être.

Nous sommes 14. Nous sommes en repérage technique dans les anciens Abattoirs de Metz, sous-sols compris. Nous terminerons demain soir. Une bulle hors du temps où nous parlons un langage par séquence, par décor, par poste. On tente bien d’organiser les discussions, que chacun s’écoute mais l’impatience est grande de trouver les solutions. Alors Pascale chuchote avec Diarra, Léo interroge Mathieu, Alexia montre un plafond à Marjolaine. « De son node à lui, je fais passer mes data » « Et sinon, ça fait la mise au point en auto la paluche ? » « T’avais dit tout sauf du vert pour la passerelle » me rappelle Juliette. Je dois avouer que je ne m’en souvenais pas. Le vert, c’est pas si mal après tout.

Pour chaque décor, nous décortiquons les scènes. Et des questions surgissent : si on a le plancher là, la nacelle ciseau ne passera pas et on pourra pas accrocher la caméra… Merde, on n’y avait pas pensé. Où passent les câbles ? Le son en intra ou en extradiégétique ? La PTZ, à gauche ou à droite ?

On jette un œil aux manifestations, on scrolle les chiffre. Et puis on s’y remet.

« Et la lumière du puis, on l’immerge ?
– Je sais pas.
– En fait , ce qu’il faudrait c’est que l’eau bouge…
– Ah ouais… J’adorerais. »

Charlotte intervient : « Les meufs, on reparle du puits demain avec les cordistes ? L’équipe nous attend au « T ».
Ok, on en reparle demain.
A demain, bonne nuit.

La journée calzone

Posted by on Sep 9, 2025 in Journal | No Comments

Aujourd’hui (09/09/25), je fais de la post production (musique, enregistrement de voix, habillage sonore) AVANT le tournage. J’appelle ça une journée calzone : une journée où la logique de travail se renverse sur elle-même, où la timeline de production butte sur la date fatidique du direct du 31/10. Tous les éléments qui servent au direct doivent être produits avant le direct, sinon je ne les ai pas pour le direct, logique. Tout est assez logique à vrai dire. Mais alors que je fais encore des repasses de lissage dans le scénario, j’enregistre définitivement une voix parce que c’est maintenant qu’il faut le faire. En l’écrivant, je réalise qu’aujourd’hui, j’enregistre la seule chose que je ne pourrai pas changer le soir du direct. Ce sera dans la boîte, montée et exportée.  

Une toute petite pièce du puzzle au cœur de toute notre histoire. 

J’ai rendez-vous avec France, elle interprète Joséphine. Steve, l’ingé son, nous accueille et me propose d’aller dans la cabine avec France pour la diriger dans son jeu. Ce sera plus convivial. Alors on se lance toutes les deux. Je donne la première réplique, histoire de lancer France. On fait des essais debouts, assis, avec le texte, sans le texte sous les yeux. C’est définitivement mieux sans le texte sous les yeux. Et puis à force de donner la réplique et bah je me retrouve à jouer Sylvie. C’est plus vivant. Une heure plus tard, nous avions fini. Avant le tournage.

Je me suis coupée la tête

Posted by on Sep 5, 2025 in Journal | No Comments

Depuis lundi je me dis qu’il faut que je me lance dans mon journal de tournage. Nous sommes vendredi. Je suis en retard.
C’était la rentrée, les cartables trop grands et les cris joyeux des retrouvailles. J’ai mis mon Trello à jour, créé les colonnes par métier, je me suis organisée. J’ai quand même créé une colonne « inclassable » que j’ai hésité à renommer « bordel » et je me suis dit que ce n’était pas une bonne manière de ranger mes tâches. Ensuite, j’ai créé des étiquettes. « Urgent », « pour demain », « dans la semaine », « Bérénice », « Gwen ». Je me suis assez vite rendue compte que je n’avais pas encore trouvé la bonne méthode pour les étiquettes.
J’y travaille encore.
Je commence à glisser une tâche au-dessus de l’autre, créant une première approche de priorité. Découper l’immensité des choses en petits blocs.
L’autre nuit, j’ai rêvé que je me coupais la tête, avec un petit couteau suisse. Mais ça ne me faisait pas mal du tout. Je voyais toujours très bien, je parlais, j’entendais et les gens me regardaient tout à fait normalement. Je portais ma tête dans le creux de mon bras gauche je crois. La journée se passait normalement mais moi je ne cessais de penser à aller recoller ma tête sur mon corps. Il fallait que je retrouve la pièce où je m’étais découpée. Elle était au fond d’un couloir, à droite et il y avait quelque part le chiffre 2. Le problème, c’est que j’avais plein de choses à faire, la journée ne cessait d’avancer et ma tête, elle, ne cessait de se flétrir comme un brugnon qui vieillit. Il fallait absolument que je retrouve cette salle. J’arrive à me défaire d’une dernière discussion, je m’engouffre dans le couloir, noir, rouge et vert, je trouve le labo. Soulagement bref : d’autres gens y sont déjà et deux médecins s’y affairent. Je me cache sous un meuble (je sais pas pourquoi), et je vois bien ma tête qui se rabougrit. Ça m’embête, je me dis que ça ne va pas bien se recoller sur mon corps… J’attrape un pot de colle U-HU et mon réveil sonne.

Je tourne « Les burgers sanglants », comédie d’épouvante interactive en direct, le 31 octobre. Il reste 55 jours. Je démarre mon journal.

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