Après une première saison palindromique et ses 80000 abonné·e·s, le feuilleton est revenu pour une deuxième saison diffusée sur l’été 2018. Les aventures d’Abel et Olivia ont dépassé les 90000 abonné·e·s. Cette deuxième saison proposait de suivre Olivia sur les routes de France.

Un feuilleton BD à lire sur Instagram : @ete_bd (anciennement Ete_arte)

 


RETOURS d’EXPERIENCE :
LES PRINCIPES D’ECRITURE ET DE REALISATIONS

LES PRINCIPES D’ECRITURE

La chronologie de la saison 1 a suivi un calendrier de l’été assez réaliste où temps de l’histoire et temps du récit s’accordaient. La concordance du temps narratif, du temps de lecture et du moment de l’appropriation du récit (par les likes et les commentaires des abonné·e·s) ne faisaient plus qu’un. Le temps des personnages se mélangeait au temps des abonné·e·s : cela a immanquablement produit et augmenté l’effet de réel. La saison 2 garde ce même calendrier.
L’effet de réel est encore plus poussé sur cette nouvelle saison avec un travail sur les résonances des événements de l’été 2018 dans le quotidien des personnages. Résultats de la coupe du monde de Football (la France en finale), diffusion de la saison 8 de GoT (hypothétique mais on ne sait jamais avec les dragons), étapes du Tour de France, les Estivales de Montpellier, le feu d’artifice du 14 juillet, le festival Rock en Seine : les rendez-vous sont nombreux où Olivia vivra « en même temps » et au « même endroit » (avec toujours la géolocalisation des épisodes) que les abonné·e·s du compte.

Avec ÉTÉ, saison 1, nous avons créé un « espace », une bulle dans le flux de nos abonné·e·s, un rendez-vous quotidien de 2 à 3 minutes.

« Un média homochrone se caractérise par le fait qu’il incorpore le temps de la réception dans l’énonciation de ses messages. Ces derniers sont conçus pour être consommés dans une durée intrinsèquement programmée. S’il veut recevoir normalement (contractuellement) ces messages, le destinataire doit ajuster son temps vécu de réception à celui de l’énonciation médiatique. », Philippe Marion, Le récit médiatique, n° 7, 1997.

Eté, comme media homochrone, impose à l’abonné·e de venir chaque jour à heure fixe pour un temps donné avec un contenu formaté. Nous pensons que c’est un des moteurs du plaisir à suivre notre feuilleton sur ce réseau social et un des leviers d’engagement pour notre saison 2.

Dans un récit qui s’appuie sur des effets de réel, qui impose une connexion quotidienne sur un mobile, le cliffhanger ne se pose plus entre les épisodes par une situation inextricable pour notre héros (Olivia suspendue à une falaise dans la dernière case) mais par le partage quotidien d’une brique supplémentaire ET autonome de récit. Notre récit avance concrètement au fur et à mesure des épisodes et certains rebondissements prennent plusieurs jours (Génolhac, Jean, Carcassonne, Ste Croix etc) pour trouver leur dénouement “final”. Cette écriture feuilletonnante se compose d’épisodes bouclés. S’il y a cliffhanger, il est géré au sein de l’épisode comme mécanique de suspens et quelques cases plus loin, nous livrons la résolution. Pour notre abonné·e (qui, nous le pensons, est très aguerri·e aux mécaniques des séries TV), c’est une double dose de plaisir. Si une action s’étire beaucoup, notre épisode est constitué de deux albums diffusés dans les mêmes 24h (parce qu’il faut bien surprendre aussi un peu nos abonné·e·s, non ?).

Ces 3 dimensions, effet de réel, media homochrone et bouclage systématique de l’épisode, étaient au cœur de l’écriture de la saison 2. Bien heureusement, ce n’était pas tout, il fallait bien sûr une bonne histoire, des personnages attachants, de l’humour, du sexe, une BX, du pastis, une balade en mer, une rencontre avec Claude…

Pour la saison 2, j’ai aussi voulu requestionner la case et la structure même d’un épisode. J’ai imaginé plusieurs principes de réalisation pour les différents épisodes. Les schémas et dessins proposés ci-dessous ont été réalisés par Cécile Bidault, dessinatrice de la saison 2.

LES PRINCIPES DE REALISATION

Les deux formats d’Instagram me posaient des contraintes différentes en terme de lecture et de dévoilement des cases. La Storie s’appuie sur une ergonomie au “Tap” avec des ouvertures de contenus possibles en verticalité alors que l’album fait glisser les cases en horizontale, dans un espace fermé (pas de “voir plus” sur un album). Il existe donc des effets de mises en scène qui fonctionneront soit pour les deux, soit pour un seul de ces formats.

 

Animation, GIF
Dans ces épisodes, nous exploitons les effets “Boomerang”, “GIF”, “Rewind”. Nous créons aussi des animations narratives, c’est à dire que nous assumons une temporalité dans notre animation (ce n’est plus forcément une boucle).

Scène 360° (Album et Stories) : “360”
Une scène se déroule tout autour du personnage. On adopte le point de vue d’un personnage qui regarde tout autour de lui ou bien on “est” dans le mobile du personnage qui filme ou prend des photos en 360. Les cases 2 et 10 se rejoignent pour créer la sphère.

Travelling Raccord Objets Albums (Album) : Effet “Volumen”
Chaque case est un plan différent, les différents plans s’enchaînent avec un objet raccord entre chaque case. Il n’y a donc aucune rupture graphique entre les cases. Dans Instagram en format album, quand on glisse d’une case à l’autre, on voit les 2 cases en même temps. Cet effet est spécifique à un album, dans les stories, on “tap” pour accéder à la case suivante (pas d’effet de jointure entre les cases).

Episode Palindromique (Story et Album) : “Palindrome”
En clin d’oeil évident à la saison 1, nous glissons des épisodes palindromiques dans notre saison 2. Le palindrome se jouera ici en case à case. En mode Storie, un carton spécial signalera à la fin à l’abonné.e que la lecture est possible dans les deux sens.

Image Panoramique / Panoptique (Album) : “Panoramique”
Nous avons un point de vue fixe avec un cadre bien trop large pour une seule case. Ce plan se déploie sur les différentes cases et permet de révéler l’arrivée d’un personnage, d’un nouveau plan dans le champ.

Montage parallèle (Story) : “Parallèle”
Nous montons en parallèle les actions de deux personnages. Les objets des actions sont exactement superposés. Nous utilisons ce montage pour jouer sur l’attente du public dans les premiers épisodes : Abel et Olivia sont-ils toujours ensemble ?

Effet Fenêtre sur Cour / Playtime (Album et Story) : “Playtime”
Le cadre de notre plan est dans le décor de notre histoire. A la manière de Jacques Tati dans Playtime, nous naviguons d’une case à l’autre avec la géographie du décor dessiné. Par exemple, dans l’épisode au Cap Ferret, nous voyons la maison de Domitille et Antoine : chaque case est une scène dans une des pièces de la maison. Nous créons des mouvements caméra dans la case pour suggérer les déplacements.

Vue à la première personne (Album et Story) : “FPS”
A la manière des jeux vidéos, nous intégrons des plans et vues à la première personne. Nous pouvons avoir un épisode entièrement réalisé à la première personne, lorsque par exemple, nous tenons dans notre main le téléphone que le personnage tient dans sa main : on reproduit à l’identique l’interface et on voit le doigt du personnage passer sur l’écran, ou cliquer, ou glisser. Nous pouvons aussi avoir des plans au sein d’un album qui basculent en vue première personne.

Sortir du cadre : “Décase”
Nous travaillons le splitscreen en détournant le format instagram. Ainsi, nous avons des coupes au milieu de nos cases et des cases “à cheval”.

Plan fixe Stop Motion Décor Vivant ( album et Story) : “Plan fixe”
Nous travaillons sur plusieurs plans avec un personnage fixe au premier plan et en second plan, un décor qui s’anime et raconte un second niveau de récit.

Stop-Motion au tap (Story) : “Tap Story”
Nous rythmons la progression dans le récit en définissant le “tap” comme un tempo de lecture. A chaque “Tap” un nouvel élément, bulle, animation, son ou dessin surgit. Nous déroulons ainsi des cases bulle à bulle, ou révélons un personnage, une action au fur et à mesure des “tap”. Nous jouons avec l’effet stopmotion pour intégrer la transition assez saccadée entre les éléments d’une storie sur Instagram.


L’ÉQUIPE

Ecrit par
Thomas Cadène et Joseph Safieddine

D’après un concept narratif de
Camille Duvelleroy

Illustré par
Cécile Bidault

Mis en musique par
Santoré

Produit par
Julien Aubert

Une coproduction Bigger than Fiction – ARTE France

 

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